- mie
- Mie, penac. Ores est nom feminin, et signifie tout ce qui est enclos de la crouste du pain, Mica panis. Ores est adverbe renforceant la particule negative qui le precede (car il n'est onc usurpé sans autre adverbe negatif mis ou devant) comme, Il n'est mie homme de bien, Nullo pacto probus homo est. Comme si l'on disoit, Ne probitatis quidem vlla mica in eo est. Il ne viendra mie, Minime gentium veniet. Non mie que je vueille qu'il m'obeisse, Non quidem quod eum mihi obsequentem velim. Aucuns estiment que estant adverbe, il vienne de cet adverbe Latin Minime. Mais ne fait: ains en toutes ses significations vient de ce mot Latin Mica. Et comme Mica envers les Latins signifiant proprement cette papillote argentée qui a un esclat de lueur parmi le sable, est usité aussi pour la mie du pain, à cause de sa blancheur au pris de la crouste, qui est arse et tannée de la chaleur du four: ainsi par la mesme raison le François appelle Mie le mol du pain qui est entouré de la crouste, dont procede qu'en aucuns païs du Royaume de France on appelle Miche, ce pain parfaictement blanc, qui est pour les chanoines, qu'on appelle autrement pain de chapitre: Et és villages de la France Miche est appelé le pain qui est moindre, moins brun, et plus delicat à manger, que le grand pain fait en tourte. Entre les Latins Mica se prend pour le menu desbris d'une chose brisable et esmiable, disans: iceux Latins, Thuris mica, Mica salis, Auri mica. Et le François dit esmier, In micas redigere, ac confringere. Et par diminutif miette de pain quand la mie est froissée et brisée en petites parties: combien que ce diminutif Miette se prend en François pour tout menu desbris de pain, soit de la mie, ou de la crouste, ou bien il vient de cette negative, {{t=g}}oumê{{/t}} Grecque.
Thresor de la langue françoyse. Jean Nicot.